L’Association pour le Développement sans Frontière après avoir bénéficié du programme Giving for Change s’emploie à son tour à en faire profiter une demi-douzaine d’associations dans la région du Nord. Six associations ont ainsi entamé depuis mars 2022, le parcours de ce programme en vue d’impulser une transformation sociale inclusive menée par les communautés pour le développement endogène.
« Le programme Giving for change nous a permis de savoir qu’on ne doit pas attendre des financements de l’extérieur. Sur la base des quatre sessions de formation reçues, l’association des jeunes pour le développement et la protection de l’environnement (AJDPE) a mis en place un projet de reboisement dans trois écoles de la région du Nord, dans lesquelles les élèves souffrent du manque d’arbres lors des pauses », confie le président de l’AJDPE, Aboubakar OUEDRAOGO. Dans la région du Nord, les pluies sont rares et la végétation désertique. Pour monter ce projet en un temps record, Aboubacar OUEDRAOGO affirme que l’association met en application la technique de mobilisation des soutiens telle que prônée par le programme Giving for Change. «Avec le soutien des élèves, nous avons réalisé des pépinières dans chaque école, les membres de l’AJDPE ont fait la trouaison. L’assistance technique de la direction de l’environnement va être sollicitée lors du reboisement dès que la saison humide sera bien installée. Après, ce sont les parents d’élèves et l’école qui auront en charge l’entretien et la protection des plants à travers les grilles de protection», explique-t-il.
Ramata Diallo/Ouédraogo est la présidente de l’association Agir pour l’éducation pluridimensionnelle (APEPD), un des acteurs de la
société civile œuvrant dans la région du Nord. Très enthousiaste à propos des nouvelles compétences capitalisées depuis le début du programme, Mme Diallo considère que le programme est une solution aux difficultés de mobilisation de ressources financières auxquelles doit faire face une jeune association comme celle qu’elle coordonne. «Grâce aux modules de Giving for change, je sais désormais que personne ne viendra changer les choses pour nous. Si nous voulons impacter notre communauté, il nous faut compter sur nous même d’abord avant l’aide extérieure. Auparavant nous avions même des difficultés pour monter nos projets, car nous sommes une jeune association reconnue en 2021. Mais nous envisageons d’ici la rentrée scolaire mener des actions au profit des enfants dont les familles sont déplacées et des filles pour la gestion des menstrues », affirme Mme Diallo. Par ailleurs, c’est convaincu que sans les femmes aucun développement n’est possible et que le respect des droits humains n’est pas négociable que les membres de l’association Agir pour l’éducation pluridimensionnelle entendent faire du droit à l’éducation une réalité dans la région du Nord. Les responsables de ces deux associations de la société civile bénéficiaires du programme Giving for change dans la région du Nord, ne manquent pas de propositions pour améliorer l’impact du programme. «Si le temps consacré aux différentes thématiques pouvait être rallongé, cela nous permettrait de mieux les assimiler », plaide Ramata Diallo. Aboubacar OUEDRAOGO invite, pour sa part, les responsables du programme à intensifier les formations au profit d’autres acteurs de la société civile, car ils ont besoin d’un appui dans la pratique. « Nous sommes en train de suivre des cours théoriques et je souhaite qu’ils nous appuient dans la pratique pour qu’on puisse atteindre nos objectifs », soutient-il.
Les témoignages des responsables d’associations de la 2e génération révèlent que les communautés de pratique ont compris la dynamique du don local pour changer la vie de la communauté. Que dire donc de l’action du lead du programme dans la région de
l’association pour le développement sans frontière. Le directeur de l’action économique du conseil régional du Nord, Alban Michel OUEDRAOGO en parle avec reconnaissance et fierté. « L’apport de l’association développement sans frontière (ADSF) sur le terrain est positif. C’est une structure qui travaille aux côtés des collectivités pour booster le développement. J’ai eu l’occasion d’assister à un cadre organisé des fils et filles de la région que l’ADSF a contribué à mettre en place. Ainsi elle a pu voir les enjeux qui se posent à la région et a réussi la prouesse de mobiliser les fils et filles pour apporter un appui à ce qui est fait par la collectivité.», déclare M. Ouédraogo. En raison de l’insécurité, la région du Nord enregistre un afflux des populations des villages vers les chefs-lieux de région. Les capacités des collectivités territoriales à gérer cette situation sur le plan humanitaire se révèlent insuffisantes. Le directeur de l’action économique dont le service est chargé du suivi des politiques au niveau local poursuit que l’ADSF a bien compris la notion de décentralisation, parce qu’elle a pris le conseil régional en tant que collectivité comme porte d’entrée lorsqu’elle voulait développer le programme dans la région. « ADSF connait bien les besoins de la région et nous l’exhortons de continuer à apporter l’appui aux personnes qui ne sont plus dans leurs localités d’origine pour qu’ils ne se sentent pas délaissés », appuie M. Ouédraogo.
Ces éloges et encouragements, le coordonnateur de l’association pour le développement sans frontières, Salif SODRE les accueillent avec humilité. Présent sur le terrain depuis 1992, l’ADSF œuvre dans le domaine de l’éducation et de la formation professionnelle et de l’accompagnement pour le développement rural avec à son actif plus de 30 écoles, des CEG, un centre de formation professionnelle construits dans la région du Nord. Par ailleurs l’association a aidé à scolariser de nombreux enfants. Pourtant ce palmarès ne fait pas oublier à M. SODRE les difficultés de mobilisations des ressources. « Avec la crise économique mondiale, la COVID et plus récemment la guerre en Ukraine, les ressources sont rares. C’est pourquoi le programme nous a offert une nouvelle dynamique pour mobiliser les ressources à l’interne et c’est réconfortant de savoir que la communauté peut apporter quelque chose. Par exemple, pour primer les meilleurs élèves en fin d’année, nous arrivons à mobiliser de petites ressources auprès de soutiens, depuis deux ans », détaille-t-il. Désormais, l’ADSF et les acteurs de la formation professionnelle de la région du Nord prennent en charge le recrutement du consultant pour le suivi du programme d’accompagnement.
YE Nadège – SIDWAYA